Quand le polémiste se cache (mal) sous le romancier
Livres lu, par Michèle Mazel
Les Cinq Quartiers de la Lune,
Gilbert Sinoué,
Flammarion 2016
Après « Le souffle du Jasmin » et « Le cri des pierres, » tous deux parus en 2010, Gilbert Sinoué vient de publier « Les Cinq quartiers de la lune, » troisième et sans doute dernier volet d’une fresque épique intitulée « Inch’ Allah » retraçant l’évolution du Moyen Orient sur près d’un siècle - depuis les accords Sykes-Picot délimitant les zones d’influence de la Grande Bretagne jusqu’au printemps arabe. C’est à travers le destin contrasté de quatre familles – dans l’ordre, une famille palestinienne ; une famille égyptienne, une famille irakienne et une famille israélienne que l’auteur expose sa vision des choses. Si les développements consacrés à l’Irak, à la Syrie, au Liban et surtout en Egypte, pays natal de l’auteur, sont présentés avec une grande clarté et une louable objectivité, il n’en est pas de même de ce qui se passe en Palestine.
D’entrée de jeu Latif, chef de la famille palestinienne déclare : « Pour les Anglais, pour le monde occidental en général, nous n’existons pas. Ces gens s’imaginent que la Palestine est une terre désertique, dépourvue de toute civilisation. Ils ont occulté l’idée que nos ancêtres, les Cananéens, vivaient ici il y a plus de quatre mille ans. » Sinoué, qui présente sous un jour défavorable les Juifs qui arrivent dans le pays, occulte, lui, complétement ceux qui y sont installés de longue date. S’il mentionne les attaques contre les nouveaux venus, c’est souvent en les accusant de les avoir provoquées. Il passe sous silence les événements de 1929. Le mufti de Jérusalem, Hadj Amin al Husseini est présenté comme un homme raisonnable, déclarant notamment « Le fait que le Juif est Juif n’a jamais excité l’animosité de l’Arabe. Avant la guerre les Juifs jouissaient de tous les droits et privilèges du citoyen. » Heureusement, il y a les chapitres sur l’Egypte sur lesquels l’auteur s’étend longuement et avec une réelle sympathie. Cela ne suffit tout de même pas à oublier le reste.
Dans « Les cinq quartiers de la lune » Avram, le brave israélien qui vit avec Joumana, une palestinienne « n’ignorait rien des souffrances du peuple palestinien…. IL s’était toujours efforcer de convaincre Majda [sa fille adoptive, elle aussi palestinienne] que tous les juifs n’étaient pas des haïsseurs organiques et forcenés de tout ce qui n’était pas juif. Tâche ô combien difficile…après les images atroces d’un petit Palestinien de douze ans, Mohammed al-Dura, abattu par des balles israéliennes sous les yeux de son père. » Lorsque l’armée israélienne lance l’opération « Rampart » après l’attentat de l’Hôtel Park le soir de la Pâque juive, qui avait fait 30 morts et près de 150 blessés, l’auteur écrit : « L’assaut contre le camp de réfugiés de Jénine se révélé être une autre boucherie. » « Avram et Joumana ne savaient plus s’ils devaient pleurer les morts du Park Hotel ou ceux de Jénine. » On relève au passage un éclairage intéressant sur la façon dont de Londres à Paris et à Washington des hommes politiques qui ne connaissent rien à la région ont grandement contribué au chaos actuel. On s’attache aussi à l’histoire de ces héros obscurs en Irak, en Syrie au Liban ou en Egypte pris dans le cycle infernal de l’hostilité des uns contre les autres – Sunnites, Chiites, Chrétiens Kurdes et Yazidis. Cependant en fin de compte on se lasse de ces récits où comme par hasard l’Etat d’Israël est toujours coupable.
Michelle Mazel è una scrittrice israeliana nata in Francia. Ha vissuto otto anni al Cairo quando il marito era Ambasciatore d’Israele in Egitto. Profonda conoscitrice del Medio Oriente, ha scritto “La Prostituée de Jericho”, “Le Kabyle de Jérusalem” non ancora tradotti in italiano. E' in uscita il nuovo volume della trilogia/spionaggio: “Le Cheikh de Hébron”. Le sue recensioni sono pubblicate sull’edizione settimanale in lingua francese del Jerusalem Post.