J’ai quitté mon pays… 22/02/2016
Recensione di Michelle Mazel
Autore: Zvi Mazel/Michelle Mazel
L’Envers du ciel bleu
Enrico Macias
Cherche Midi 215

J’ai quitté mon pays…

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Michèle Mazel « Je suis né dans un pays qui n’existe plus. » C’est par ces propos qui pourraient être ceux de millions de Juifs déracinés qu’Enrico Macias commence ces mémoires attachants dédiés à ses petits-enfants – des petits-enfants qui ne parlent pas arabe et il le regrette. Et il ajoute : « Je viens d’Algérie, de l’Algérie disparue où des religions différentes n’empêchaient pas d’être un même peuple, où des humains différents vivaient sous le même ciel bleu. » D’ailleurs c’est à cette Algérie disparue qu’il consacre le tiers de son ouvrage, sans conteste la partie la plus intéressante. En contant sa jeunesse il fait revivre une communauté juive épanouie où tout le monde connaît tout le monde et où la musique est reine. « A Constantine on joue de la musique dans toutes les fêtes et toutes les occasions de réjouissances familiales ou collectives. » D’ailleurs le petit Gaston Ghrenassia qui prendra en France le nom d’Enrico Macias, l’entend du matin au soir dans la maison de son père, violoniste populaire réputé. L’adolescent préfère la guitare – il ne se lancera dans la chanson que beaucoup plus tard – et s’initie au « maloul » version algérienne de la musique andalouse, auprès de l’illustre Cheikh Raymond dont il épousera d’ailleurs la fille. En filigrane se dessine le personnage d’un garçon bagarreur qui n’a guère de goût pour les études au point que son père l’envoie en pension en France pour qu’il obtienne enfin son baccalauréat. De retour au pays le jeune homme partage sa vie entre le poste d’instituteur qu’il a obtenu et les concerts où il commence à se faire un nom. La guerre d’Algérie va mettre un point final à ses projets. Cheikh Raymond, soupçonné à tort de complicité avec l’OAS est assassiné le le 22juin 1961. « Les juifs de la ville bravent le couvre-feu toute la nuit pour rendre hommage à Cheikh Raymond. Le lendemain son enterrement est peut-être le plus grand rassemblement juif de l’histoire de Constantine – et le dernier. » Son assassinat va sonner le glas de la présence juive en Algérie. « Si lui, le plus arabe des juifs, le plus pacifique des juifs, le plus algérien des juifs, ne pouvait pas espérer vivre à Constantine, aucun juif ne pouvait plus y vivre. Alors nous sommes partis. » L’arrivée de la famille à Paris, les déboires qui ont été le lot de tous les déracinés, puis la réussite fulgurante du jeune homme qui a abandonné la guitare pour le chant forment la trame du reste de son ouvrage. Pourtant la blessure du départ ne se refermera jamais et il la chante dans l’une de ses plus célèbres chansons : « J’ai quitté mon pays, j’ai quitté ma maison, ma vie, ma triste vie, se traine sans raison, j’ai quitté mon soleil, j’ai quitté ma mer bleue, leurs souvenirs se réveillent bien après mon adieu… » Il rêve de revenir un jour mais par deux fois le projet échoue. La première, il avait été invité par le président Bouteflika qui a dû renoncer devant les réactions hostiles ; la seconde, il devait accompagner Nicholas Sarkozy mais là encore « on » a jugé qu’il valait mieux qu’il s’abstienne. Aujourd’hui, Enrico Macias pense à l’Aliya. Pas à cause de ce qui se passe en France. « Je veux faire mon aliya de mon plein gré. Mais je dois aussi rester ici pour soutenir mes frères, pour parler au nom des juifs des quartiers populaires…. Je ne quitterai pas la France tant que mes frères ne s’y sentiront pas en sécurité. » telle est la très belle conclusion de cette histoire inachevée.

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Michelle Mazel è una scrittrice israeliana nata in Francia. Ha vissuto otto anni al Cairo quando il marito era Ambasciatore d’Israele in Egitto. Profonda conoscitrice del Medio Oriente, ha scritto “La Prostituée de Jericho”, “Le Kabyle de Jérusalem” non ancora tradotti in italiano. E' in uscita il nuovo volume della trilogia/spionaggio: “Le Cheikh de Hébron”. Le sue recensioni sono pubblicate sull’edizione settimanale in lingua francese del Jerusalem Post.


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